jeudi 10 février 2011

Tunisie : Ben Ali a-t-il été poussé dans l'avion ou bien est-il parti de son plein gré ? Il y a deux versions.


Le président tunisien Ben Ali | REUTERS/© Jamal Saidi / Reuters

Deux versions un peu contradictoires sont parues dans la presse ces derniers jours, concernant le départ de l'ex-président Ben Ali le 14 janvier à 17h45 à l'aéroport de Tunis à bord de l'avion immatriculé BBJTS-100.

Tout d'abord le 6 janvier, dans Le Monde, la journaliste Isabelle Mandraud nous raconte le dernier vol du président déchu, d'après les révélations de certains membres de l'équipage du Boeing 737-700 immatriculé BBJTS-100, et d'un responsable au sol.

Ils étaient cinq à composer l'équipage de cet avion présidentiel : les deux pilotes, un mécanicien, une hôtesse et un steward. La direction de l'aviation civile a été prévenue qu'un plan de vol "pour entrainement" est déposé concernant cet appareil. Aucune indication n'a été donné sur l'identité d'éventuels passagers. C'est peu avant 17h que le personnel naviguant a été convoqué, dans le hanga qui abrite l'avion présidentiel sur la base militaire de l'Alouina, en face de l'aéroport de Tunis-Carthage.

Une Mercédès noire alors est arrivé dans laquelle se trouvait Monsieur Ben Ali, vêtu d'un costume bleu et d'une cravate rouge. Il était accompagné de sa femme, Meïla Trabelsi "pas maquillée" et de son jeune fils Mohamed.

Puis arrive une Porsche Cayenne grise dans laquelle se trouve Halima, l'une des fille du couple , accompagné de son fiancé. Ensuite arrivent trois employés du couple présidentiel, deux femmes et un homme. Tous les passsagers n'ont avec eux que quelques bagages, peu volumineux.

L'appareil est entouré d'un nombre important de membres de la garde républicaine suréquipés, parmi eux se trouve leur chef Ali Sériati, pendant que le plein de carburant est fait.

Soudain, d'autres Mercédès sont arrivé, avec à leur bord, une quinzaine de membres de la famille Trabelsi. Parmi lesquels se trouvait Mourad Trabelsi et sa famille, aisi que le chanteur Seïf Trabelsi, ils étaient armés. Mais les gardes du corps du président ne les ont pas laissé monter à bord, leur signifiant q''un autre avion était prévu pour eux.

Toujours selon les membres de l'équipage, Ben Ali serait allé dans le cockpit pour dire aux pilotes : "Nous allons à Djerba, une île tunisienne du Golfe de Gabès, c'est plus calme. Je vais monter avec eux parce qu'ils ont peur." a-t-il dit en désignant sa famille, "puis se reviendrai avec vous" .
Leîla Trabelsi se serait inquiété de savoir si l'avion avait bien reçu l'autorisation de décollé, ce qui a eu lieu à 17h45.

Un membre de l'équipage a indiqué que le président était très stressé. Au bout de quelques instants, il a demandé aux pilotes de faire route vers DJeddah en Arabie Saoudite, en ajoutant que si ils n'avaient pas assez de fuel, ils pouvaient se ravitailler en Lybie. Ben Ali aurait commenté une seule fois la situation insurectionnelle en Tunisie en accusant comme responsables les islamistes qui se seraien tinfiltrés dans la police.

L'avion est arrivé en Arabie Saoudite à 22h50 et s'est posé avec difficulté du fait d'une violente tempête de pluie qui s'était abattue sur Djeddah. L'ex-président a été accueilli par des dignitaires saoudiens que l'équipage ne connaissaient pas.

En regardant, dans les salons de l'aéroport, la chaîne Al-Jazira, l'équipage ont découvert ce qui se passait en Tunisie, il a décidé de repartir le plus vite possible, c'est-à-dire dès que le plein serait fait. L'avion a redécollé à 1h50. Quand l'équipage a attérri à 6h30, il a été remercié par l'armée d'avoir remené l'avion.

Mais une nouvelle version de cette "fuite" de l'ex-président tunisien est parue, hier hier 9 janvier, dans le journal Le Nouvel Observateur. D'après la journaliste Sara Daniel, des témoignages inédits, révèlent que le dictateur tunisien à été poussé à l'exil non seulement par l'armée mais aussi par sa femme.

Donc ce vendredi 14 janvier à 17heures, tandis que la révolte est de plus en plus importante dans les rues de Tunis, Ben Ali ne veut pas partir. Sur le tarmac il gémit, se tort les mains, et serre sa petite valise noire son seul bagage. Il est en chemise, il fait froid, il essaye de rebrousser chemin en direction de la Mercédès noire qui l'a déposé. Il supplie : "Laissez-moi, je ne veux pas y aller, je veux mourir dans mon pays." (...)

Alors le chef de la police politique, Ali Sériati, celui qui a accompagné pendant 30 années Ben Ali , le bouscule et l'oblige à gravir les marches de la passerelle en jurant : "Bordel de Dieu, tu vas monter !"

Le petit groupe composé ,du président, de sa femme Leïla, de son fils Mohamed de sa fille Halima et de son fiancé, du majordome qui a tenu à les accompagner et de deux employées de maison philippines, est entouré par des militaires. Alors sa "tendre épouse" le rudoie, exaspérée par ses jérémiades depuis qu'il a perdu le pouvoir : "Monte, imbécile, toute ma vie, il aura fallu que je supporte tes conneries !"

Seule sa fille aurait défendu son père, en menaçant de "tuer tout le monde" si on touchait à lui, mais sans résultat.

D'autres Mercédès, a bord desquelles étaient quinze autres membres de la famille Trabelsi, sont arrivées sur le tarmac. Ils ont été retenus dans les salons de l'aéroport, sous prétexte qu'un autre avion allait arrivé. Mais ensuite ils ont été arrêtés et emmenés par l'armée, parmi eux se trouvait Mourad Trabelsi, dont a annoncé plus tard son exécution par arme blanche par son personnel, alors qu'il était entre les mains de l'armée. On suppose que quelqu'un d'autre a été poignardé à sa place.

Toujours d'après Le Nouvel Observateur, jamais le président tunisien n'aurait accepté de décoller si Ali Sériati ne lui avait pas juré que son départ n'était que temporaire. Alors la journaliste pose la question suivante : Sériati et Leïla Trabelsi ont-ils cru sérieusement que le président ou sa femme pourraient revenir à la tête du pays ou savaient-ils déjà que leur sort était scellé ?


Pour ma part je m'interroge :

Quelle est la véritable version de la fuite de Ben Ali de Tunisie, est-ce la version du Monde qui rapporte que l'ex-président est parti de son plein gré, ou bien est-ce la version du Nouvel Observateur qui nous indique que c'est contre son gré et sous la pression du chef de la police politique qu'il a quitté son pays ?

Connaîtrons-nous un jour la vérité ? J'en doute, et vous qu'en pensez-vous ?

Sources : Le Monde, Le Nouvel Observateur,
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