lundi 22 août 2011

A Tripoli, le compte à rebours a commencé

Le régime libyen est plus que jamais menacé et sa chute semble imminente en ce début de semaine. En témoignent la journée et la soirée de dimanche, décisives depuis le début de la contestation il y a six mois.
"Kadhafi prêt à négocier"... Le porte-parole du gouvernement libyen a assuré dimanche soir que Mouammar Kadhafi était prêt à négocier en personne avec les rebelles et a invité l'Otan à convaincre ces derniers de stopper leur offensive contre Tripoli. "Suspendons toute opération militaire, asseyons-nous et négocions. Nous avons besoin de notre leader Mouammar Kadhafi pour nous guider", a déclaré Moussa Ibrahim sur Al-Jazeera avant de poursuivre : "le régime est toujours fort et que des milliers de volontaires et de soldats sont prêts à se battre".
Le chef de file des rebelles s'est dit prêt quant à lui à déposer les armes et à entamer des négociations... à la condition que le colonnel quitte le pouvoir. Ce qui ne semblait pas être son intention dimanche soir.
Kadhafi appelle les Tripolitains à "nettoyer" la capitale. Peu après l'appel à négocier du porte-parole du gouvernement, un message de Mouammar Kadhafi a été diffusé sur la chaîne de télévision national exhortant les Tripolitains à "nettoyer" la capitale de la présence des rebelles. Aucune indication concernant la date de l'enregistrement n'a été donnée. Al-Arabiya diffusait au même moment des images de Tripolitains clamant leur joie et déchirant des portraits du leader libyen.
Plus tôt dans la journée, et pour deuxième fois en 24h, le dictateur libyen avait redit sa volonté de résister "jusqu'au bout". "Nous ne nous laisserons pas faire", a-t-il assuré, promettant de "sortir victorieux de cette bataille." "Je donne l'ordre d'ouvrir les stocks d'armes. J'appelle tous les libyens à se joindre à la lutte. Que ceux qui ont peur donnent leurs armes à leurs mères et à leurs soeurs. Sortez! Je serai avec vous jusqu'à la fin. Je suis à Tripoli. Nous vaicrons!"
Le régime s'effrite, les dignitaires s'enfuient. Le chef de file du Conseil national de transition, l'organe des rebelles, a annoncé dimanche soir sur la chaîne Al-Jazeera la capture de l'un des fils de Kadhafi, Saïf al-Islam. Le fils aîné, Mohammed, serait lui aussi aux mains des rebelles. Peu de temps auparavant, la chaîne arabophone et sa consoeur Al-Arabiya annonçaient que les forces de sécurité du colonel Kadhafi s'étaient rendues aux rebelles. Le régime a par ailleurs dû compter avec des défections au plus haut niveau pendant le week-end.
 
Les rebelles libyens après la prise d'une caserne près de Tripoli le 21 août 2011
La prise de la capitale. Dimanche soir, donc, les insurgés libyens venus de l'Ouest sont entrés dans Tripoli, bastion des forces pro-Kadhafi. Ils y ont été accueillis par une foule en liesse mais ont essuyé les tirs des soldats restés fidèles à Kadhafi. Auparavant, les rebelles avaient réussi à prendre le contrôle d'une caserne située aux portes de la capitale, où ils se sont emparés d'armes et de munitions. Cette caserne était l'obstacle le plus important sur la route de Tripoli.
Les insurgés ont par ailleurs libéré plusieurs dizaines de détenus de la  prison de Maya, située non loin de la caserne. "Nous nous attendons à la victoire"dans la nuit de dimanche à lundi, a affirmé pour sa part le représentant du CNT aux Emirats arabes unis Aref Ali Nayad.
Un assaut bien préparé. Préparé depuis des mois, le soulèvement de la capitale a été coordonné par des cellules de l'opposition sur place. De source diplomatique française, on confirme que les cellules rebelles de Tripoli n'ont fait que suivre les plans établis il y a des mois et répondu au signal.  Le feu vert est venu au moment de l'"iftar", le repas que prennent les musulmans au coucher du soleil pendant le ramadan. C'est à ce moment que les imams ont utilisé les haut-parleurs des minarets pour appeler les adversaires de Kadhafi à descendre dans les rues, selon des habitants.

La communauté internationale annonce la fin de Kadhafi. Dimanche soir, l'Otan a déclaré que le régime libyen était en train de "'s'effondrer" et que "le régime en est clairement à son stade ultime". Pour la Maison-Blanche, les jours de Kadhafi comme dirigeant sont "comptés". Le président français Nicolas Sarkozy l'a "exhorté" de son côté "à renoncer sans délai à ce qui lui reste de pouvoir" alors "que l'issue ne fait désormais plus de doute". La "tragédie" du conflit "touche à sa fin", a encore commenté le chef de la diplomatie italienne Franco Frattini, tandis que le secrétaire d'Etat britannique aux Affaires étrangères Alistair Burt affirmait  que la situation était "à un point crucial".
Par Vi. B. et DjS le 21 août 2011 à 22:45