mercredi 2 mars 2011

Libye: une intervention militaire pour écarter Kadhafi?



Libye: une intervention militaire pour écarter Kadhafi?

Le colonel Kadhafi, dont le régime ne contrôle plus que Tripoli, reste sourd aux cris des Libyens et aux appels à quitter le pouvoir, après deux semaines d'une insurrection durement réprimée.

REUTERS/Goran Tomasevic

La communauté internationale s'interroge sur ce scénario. Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères, estime que cette mesure pourrait être "extrêmement contre-productive".

Malgré les multiples condamnations et appels à quitter le pouvoir, le colonel Kadhafi, retranché à Tripoli, seule zone encore contrôlée par le régime, reste imperturbable. Il continue même de minimiser la révolte qui a fait des centaines de morts depuis le 15 février. "Le peuple m'adore", disait-il lundi soir aux télévisions occidentales...

Et certains dirigeants de l'insurrection disent perdre espoir d'un renversement du régime par la révolte populaire, tout en créant un conseil militaire à Benghazi, épicentre de la contestation, et en s'organisant dans la crainte d'une contre-attaque des milices armées pro-Kadhafi. Ils envisageraient donc de demander des frappes aériennes étrangères.

Cette hypothèse est évoquée avec prudence de la part de la communauté internationale. Pour l'instant, a souligné le secrétaire américain à la Défense Robert Gates, "il n'y a pas de consensus à l'Otan" sur une intervention militaire. Le nouveau ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé a souligné qu'une intervention militaire de l'Otan "mérite d'être regardée à deux fois" et pourrait être "extrêmement contre-productive" dans l'opinion arabe.

Zone d'exclusion?

Par ailleurs, déterminée à mettre le colonel Kadhafi hors d'état de nuire, la communauté internationale, qui a gelé les avoirs de son clan, a dit ces derniers jours envisager une interdiction de l'espace aérien libyen pour empêcher un bombardement du régime de civils et opposants.

Aucune intervention ne se fera sans un mandat clair du Conseil de sécurité des Nations unies

L'établissement d'une telle zone d'exclusion nécessiterait la destruction préalable des défenses anti-aériennes libyennes, a estimé le Pentagone, après le déploiement de forces navales et aériennes américaines autour de la Libye et alors qu'un navire de guerre américain, l'USS Kearsarge, avec à son bord des centaines de Marines, se rapprochait des côtes libyennes.

Le secrétaire américain à la Défense Robert Gates a estimé que la mise en place d'une zone d'exclusion serait "extraordinairement" compliquée. "Différentes options peuvent être étudiées notamment celle d'une zone d'exclusion aérienne, mais je dis ici très clairement qu'aucune intervention ne se fera sans un mandat clair du Conseil de sécurité des Nations unies", a ajouté Alain Juppé.

"Les Etats-Unis sont favorables" à une telle interdiction aérienne, "nous, notre position, c'est que ce n'est pas la priorité. La priorité, c'est de couper les avoirs" financiers libyens, avait fait valoir mardi matin à la radio RMC le ministre français des Affaires européennes, Laurent Wauquiez.

Autres signaux internationaux

Après l'ONU et les Etats-Unis, l'Union européenne a d'ailleurs adopté un gel des avoirs et des interdictions de visa contre le clan Kadhafi, ainsi qu'un embargo sur les armes contre la Libye. Visiblement peu encline à croire en un départ rapide de Kadhafi, l'UE a aussi convoqué un sommet extraordinaire le 11 mars consacré à la crise en Libye et en Afrique du Nord.

L'assemblée générale de l'ONU a en outre voté la suspension de la Libye du Conseil des droits de l'Homme. Enfin, l'ONU a lancé un "appel urgent" à la communauté internationale en vue d'une évacuation humanitaire massive de dizaines de milliers de personnes qui tentent de fuir la Libye et attendent actuellement du côté libyen de la frontière avec la Tunisie de pouvoir entrer dans ce pays.